Que ce soit sur la route du travail ou sur celle des vacances, les embouteillages ne sont jamais une partie de plaisir. Pourtant, c’est un passage souvent inévitable dont on se passerait bien. Alors pour essayer d’aller plus vite sur l’autoroute, on est souvent tenté de changer de file en étant persuadé que celle d’à côté est plus fluide.
Cependant, il ne s’agit pas de la bonne méthode pour gagner du temps. Pour comprendre comment les embouteillages se forment, il est important d’expliquer que, dans la majorité des cas, c’est le comportement des automobilistes qui est la cause des embouteillages. A travers cet article, vous découvrirez un ensemble de bonnes pratiques à adopter pour permettre la réduction des embouteillages.
Un phénomène mécanique de réaction en chaîne
Afin de mieux visualiser la formation d’un embouteillage, il faut voir la route comme étant un tuyau et le trafic comme l’eau qui coule à l’intérieur. Tout comme le débit du tuyau, le débit de la voie n’est pas infini.
On estime que la capacité maximale d’une voie d’autoroute est de 1800 véhicules par heure et par voie. Ce seuil est très largement dépassé lors des chassés croisés pendant les week-ends de départ en vacances mais aussi à l’heure de pointe le matin et le soir sur le trajet travail-maison.
En écartant les embouteillages rationnels pour cause de travaux ou d’accidents, ce sont les “embouteillages fantômes” ou “bouchons en accordéon » qui sont les plus fréquents. En effet, ils peuvent se former à partir de très petites variations du trafic quand celui-ci est dense.
Il suffit d’un changement de file, d’un freinage un peu brusque ou d’un véhicule qui roule plus lentement que les autres pour créer un léger ralentissement. Cela va ensuite se répercuter sur les véhicules derrière de façon naturelle. A l’image d’une onde qui se propage graduellement, le temps de réaction de chaque conducteur et le maintien des distances de freinages vont s’accumuler créant une réaction en chaîne qui aboutit in fine à des embouteillages.
Il faut savoir que les premiers véhicules à avoir ralenti ne seront que très peu touchés par l’embouteillage en création. En effet, ils retrouveront rapidement leur vitesse initiale. Cependant il faudra un laps de temps plus important pour que les véhicules derrière retrouvent leur vitesse de croisière et ainsi sortir de cette situation. C’est l’explication même de l’embouteillage fantôme qui se crée sans raison apparente. Cette expérience illustre parfaitement ce phénomène :
Construire de nouvelles routes, la fausse bonne idée ?
On pourrait croire qu’avec la construction de nouvelles routes le trafic serait plus fluide, permettant ainsi d’éviter les embouteillages. Cependant ce n’est absolument pas le cas, c’est même pire et de nombreuses villes en ont subi les conséquences.
En 1960, après la rénovation du réseau routier et l’ajout de nouvelles routes, la ville de Stuttgart en Allemagne a fait face à un paradoxe : le trafic s’est saturé aboutissant à des embouteillages géants. C’est ce qu’on appelle le “Paradoxe de Braess”, du chercheur éponyme qui l’a mis en évidence.
De façon concrète, ce paradoxe explique que si une ville construit une nouvelle route qu’on appellera X qui sera bien plus rapide que les routes déjà existantes qu’on appellera Y & Z, alors tous les automobilistes préféreront prendre la nouvelle route X. Créant ainsi une saturation de ce nouvel axe et donc des embouteillages. Les routes Y & Z seraient alors désormais beaucoup moins empruntées.
L’idéal serait que tous les automobilistes se répartissent entre les 3 axes. Mais l’humain adopte très fréquemment un comportement irrationnel et égoïste, il entre alors en conflit d’intérêt individuel et intérêt collectif. Ainsi il cherchera toujours à emprunter le chemin le plus rapide.
Depuis, cette théorie s’est confirmée largement : en 1990, la mairie de New York a été contrainte de fermer la 42ème rue à Manhattan pour fluidifier le trafic, de même à Séoul où le trafic est devenu plus fluide après la destruction d’une voie rapide.
Quelles sont alors les solutions pour éviter les embouteillages ?
Parfois, les embouteillages sont mécaniques car ils dépendent d’un facteur extérieur : débit maximal atteint, accident, travaux, péage ou contrôle de douane. Mais dans la majorité des cas, les embouteillages sont dus aux comportements individuels des automobilistes. C’est pourquoi il existe des solutions pour fluidifier le trafic en adaptant individuellement sa conduite.
Adaptez individuellement votre conduite pour éviter les embouteillages :
- S’équiper d’un dispositif d’aide à la conduite en temps réel. Que ça soit sur votre smartphone ou via un GPS connecté, vous pourrez visualiser le trafic et les ralentissements en temps réel. Cela vous permettra de modifier votre itinéraire en fonction des potentielles perturbations sur certains tronçons de route. (Accidents, travaux, embouteillages…)
- Résister à l’envie de changer de file. C’est d’ailleurs une des causes de la création des embouteillages fantômes. En effet, slalomer de droite à gauche pour être dans la file la plus rapide crée des freinages intempestifs derrière le véhicule. Cela participe donc à la réaction en chaîne qui est à l’origine de la création d’un embouteillage.
- Tenir les distances de sécurité. Cela permet d’être toujours à une distance convenable des véhicules devant et derrière nous et ainsi d’avoir une conduite plus fluide évitant ainsi les freinages brusques grâce à l’anticipation.
- Rouler sur la voie la plus à droite. Les voies à gauche servent uniquement pour le dépassement. En plus d’être interdit, rouler à gauche sans dépasser contribue à ralentir considérablement le trafic. Quand on ne dépasse pas, on se rabat.
- Respecter les limitations de vitesse. Malgré ce qu’on pourrait croire, rouler plus vite est contre-productif. En effet, en accélérant et en dépassant les limitations de vitesse, on réduit les distances de sécurité rendant le trafic moins fluide. Limiter la vitesse n’est pas une solution non plus, seul le fait de rouler à vitesse constante peut l’être.
Ainsi, seul un effort collectif peut permettre de réduire un embouteillage. Chacun peut contribuer à limiter les embouteillages en ayant la conduite la plus stable possible : rester dans la même file et en garder une vitesse constante, et respecter les distances…
La voiture autonome : seule solution viable pour éviter les embouteillages ?
A ce jour, toutes ces solutions ne permettent pas d’éradiquer complètement le phénomène des embouteillages. En effet, celles-ci reposent uniquement sur la modification du comportement des automobilistes. Or, c’est bien connu, les automobilistes n’aiment pas modifier leur comportement.
La solution pourrait alors être de supprimer les conducteurs grâce aux voitures intelligentes. Ces voitures peuvent être programmées pour respecter scrupuleusement les distances de sécurité, rouler à vitesse constante et en respectant les limitations. Le tout sans être soumis à la fatigue, à la curiosité ou à l’énervement. Encore mieux, ces voitures pourraient communiquer entre elles pour anticiper tout ralentissement en quelques fractions de secondes pour éviter les embouteillages.
Mais c’est encore pour le moment de la science-fiction, il faudrait que toutes les voitures roulant sur un même réseau soient autonomes. Il ne suffirait que d’un seul humain pour potentiellement amener le retour du chaos & des embouteillages.