Le Jour-J, le D-Day, Le Jour le Plus Long… Le 6 juin 1944, les Alliés débarquaient sur les plages de Normandie. L’évocation de cet événement majeur de la Seconde Guerre Mondiale fait d’abord penser aux 132 000 héros qui ont réussi, au prix d’efforts proprement surhumains, à débarquer ce jour-là (156 000 au total en comptant les parachutistes). Cette opération unique marque aussi le déploiement sans précédent d’équipements militaires : navires, avions, barges de débarquement, chars … et voitures ! À la fin de la journée, 20 000 véhicules de tous types auront débarqué sur les plages normandes.
À l’occasion de ce 75ème anniversaire, Chacun Sa Route se penche sur les différentes voitures du débarquement. Celles qui ont contribué au succès des troupes alliées sur les routes de Normandie jusqu’à la victoire finale.
La Jeep Willys : la plus emblématique
Le Général Eisenhower la considérait comme l’équipement le plus réussi de la seconde guerre mondiale. L’histoire lui donna raison, puisque la jeep est devenue une des voitures du débarquement les plus connues. Voire même LE véhicule emblématique du débarquement !
Conçue en 1940 par le constructeur Willys, elle est produite conjointement avec Ford, car le constructeur original ne pouvait tenir seul la cadence ! Son nom officiel était GPW, que les soldats américains prononçaient …« JEEP ». Très maniable, rapide et pratique, son utilisation a dépassé le simple cadre de la reconnaissance pour lequel elle était initialement prévue. Au cours de la guerre, on a donc pu croiser des jeeps ambulances, transports de troupes, armées d’une mitrailleuse Browning ou …amphibies ! Un modèle avec des roues spéciales pouvait même emprunter les rails de chemins de fer !
Au total, entre 1941 et 1945, on produit alors plus de 640 000 exemplaires. On la retrouve sur tous les théâtres d’opérations où l’armée américaine était engagée.
Le Dodge WC 51 : le plus performant
Si sa renommée auprès du grand public n’est pas aussi grande que celle de la Jeep, le Dodge WC 51 n’en était pas moins particulièrement apprécié des troupes. Ils le surnommaient d’ailleurs « BEEP » pour …Big Jeep ! Particulièrement présent lors du débarquement, le Dodge WC 51 était remarquablement bien adapté aux terrains boueux que les alliés allaient rencontrer pendant la bataille de Normandie.
Conçu initialement pour convoyer des armes et des munitions (WC = Weapon Carrier), il connut lui-aussi toute une série d’adaptations en véhicule de commandement, ambulance et même de transport de troupes grâce à la pose de bancs en bois dans sa caisse. Solide et très fiable, il était équipé de 4 roues motrices aux pneus tout terrains et doté d’un moteur de 92 chevaux. Il était également équipé d’une mitrailleuse Browning. Très utilisé pendant la bataille de Normandie, le Dodge WC 51, continua de servir l’armée américaine longtemps après la fin de la seconde Guerre Mondiale. Il connut même une déclinaison civile avec le Dodge Power Wagon (sans la mitrailleuse on vous rassure !).
Plus de 120 000 exemplaires seront produits durant le conflit.
Le Bedford MWD, le plus britannique
Le Bedford MWD a largement été employé comme une des voitures du débarquement par les forces britanniques le 6 juin 44, et pendant toute la bataille de Normandie. Il était aisément reconnaissable à son long capot plat. Celui-ci permettait un meilleur refroidissement du moteur. À mi-chemin entre l’automobile, pour l’habitacle avant, et le camion, pour la caisse à l’arrière, il permettait un transport de troupes rapide et sûr grâce à son excellente tenue de route.
Sa conception remonte aux années 30 avec une succession d’améliorations jusque 1939. Il rentre alors en production accélérée à compter de 1943, et livre sa première bataille le jour du débarquement. Conçu pour transporter 10 hommes équipés, le camion servit également à de nombreuses autres missions, comme la plupart des véhicules militaires de la seconde guerre mondiale. Quelques 250 000 exemplaires furent produits jusqu’à la fin des hostilités.
Le GMC « DUCK », le plus amphibie
Pas tout à fait une voiture, ni tout à fait un camion. Pas vraiment un bateau, mais un peu de tout cela à la fois ! Le GMC DUCK est un véhicule amphibie qui permettait de faire le lien entre les navires et les plages. Il faut savoir qu’il n’y avait pas encore de ports opérationnels le 6 juin 44. Mis au point par Général Motors Corporation dès 1941, il est définitivement adopté par l’armée américaine après un sauvetage réalisé par un véhicule de démonstration.
Doté d’un puissant moteur et de 6 roues motrices pour se déplacer sur terre, il dispose aussi d’une hélice pour avancer dans l’eau. Le DUCK pouvait transporter jusqu’à 25 hommes équipés. C’est pourquoi il fut largement utilisé le jour du débarquement, et jusqu’à la fin du conflit. Sa forme caractéristique le rendait populaire auprès du grand public. C’est pourquoi il apparut fréquemment dans des publicités, pour lever des fonds auprès du peuple américain. À noter que son nom officiel est GMC DUKW, mais les troupes le rebaptisèrent très vite DUCK (canard en anglais) !
Le M3 Scout Car, le plus critiqué
Le M3 Scout Car était un véhicule de reconnaissance commandé par l’armée américaine. Il fut produit dès 1939 par la White Motor Company. Il pouvait transporter jusqu’à 7 soldats tout équipés et servir comme véhicule de combat, puisqu’il était blindé. C’est d’ailleurs le seul véhicule de combat sur roues ayant participé au débarquement. Très critiqué par les troupes en raison d’un blindage déficient et d’un moteur trop peu puissant pour ses 5,6 tonnes, il fut principalement utilisé comme véhicule de commandement par les américains le Jour J, servant à convoyer de hauts gradés sur les lieux des différents combats. Les britanniques eux s’en servirent en véhicule ambulance.
Plus de 20 000 exemplaires furent produits de 1940 à 1944. Une fois la bataille de Normandie terminée, le M3 Scout Car s’en alla équiper les armées de l’Union Soviétiques sur le front de l’Est.
Voitures du Débarquement : qui dit véhicules, dit carburant !
Ce n’est un secret pour personne, une armée d’invasion à ce point motorisée avait de gros besoins en carburant. Pour donner un ordre d’idée, une jeep avait une consommation de 15l/100 km, et un Dodge 30l/100 km. Les camions et chars, eux, consommaient beaucoup plus ! Ironiquement, la solution allait venir de… l’armée allemande ! En effet, ce sont les allemands qui ont inventé le bidon d’essence. Ce fameux jerrycan sera repris par les alliés. Chaque véhicule débarqua donc avec un ou plusieurs bidons d’essence de 20 litres chacun, augmentant d’autant son autonomie. Toute la journée du 6 juin, les alliés firent s’échouer sur les plages des barges de débarquement remplies de jerrycans. On chargeait ces bidons dans des camions et on les envoyait sur les lieux des combats afin d’éviter la panne sèche !
Les routes normandes sont heureusement beaucoup plus calmes aujourd’hui qu’en 1944. Mais lors des nombreuses célébrations de ce jour, qui changea la face de la seconde guerre mondiale, il n’est pas rare de croiser à nouveau certaines voitures du débarquement. Vous pourrez voir des Jeep, Dodge WC et autre Bedford, amoureusement entretenus et conduits par des passionnés. Ils sont souvent eux-mêmes en uniformes, alors ouvrez l’œil !
Si vous souhaitez en savoir plus sur les véhicules d’autrefois, découvrez notre article sur l’automobile pendant la guerre.