Si nombre d’entre nous ont déjà cédé à la tentation d’appeler leur voiture « Titine », ce nom de modèle n’a jamais existé. Et pourtant, quand il s’agit des noms de voiture, les marques ne manquent pas d’imagination. Pour le meilleur et parfois pour le pire !
Chacun Sa Route se penche aujourd’hui sur certains cas emblématiques pour vous éclairer sur les noms des véhicules.
La rigueur allemande
Si le nom des marques est très souvent celui des inventeurs originels des véhicules (sauf la « Voiture du Peuple » de Volkswagen par exemple), les dénominations des différents modèles ont parfois des explications assez banales.
Des chiffres et des lettres
Mercedes-Benz et Audi ont choisi des systèmes simples et efficaces : l’alphabet pour Mercedes, les chiffres pour Audi. Chez Mercedes, plus on avance dans l’alphabet, plus la voiture est grande : Classe A < Classe B etc…. Une progression qui trouve son écho dans les chiffres pour Audi (A1 < A2…). Mercedes a même rebasculé cette logique sur ses modèles SUV. Le GLA sera donc toujours moins imposant que le GLE, même dans sa version « coupé ».
Qui inspire le Lion de Sochaux…
Autres chiffres célèbres : les Peugeot, dont la montée en gamme s’illustre par les premier et dernier chiffres. Mais pourquoi ce zéro indéboulonnable ? Au départ, les Peugeot étaient numérotées sans raison particulière : 12, 22 ou 25, et le virage s’est opéré en 1928. Les numéros étaient placés à l’avant du capot, exactement là où il fallait insérer la manivelle, indispensable au démarrage du moteur. L’idée des ingénieurs fut donc de percer ce trou au milieu des deux autres chiffres, inventant par la même la nouvelle nomenclature ! Une tradition qui a évolué avec les modèles à double zéro que sont les 2008, 3008 et 5008, et une marque déposée qui a obligé une prestigieuse Porsche à changer de nom. Présentée au Salon de l’Auto de Francfort en 1963, la Porsche 901 ne peut garder son 0 au milieu, propriété de Peugeot. Elle devient donc la mythique Porsche 911 !
Le cas Renault
Après avoir démarré le 20ème siècle avec les lettres (type A, B, C etc…), puis les noms à consonance italienne dans les années 30 (Monastella, Reinastella, Vivaquatre), la marque au losange a attaqué les années 60 en proposant des véhicules numérotés, dont les fameuses R4, R5, etc… Une tradition qui perdurera jusqu’au début des années 1990, si on fait abstraction de certaines exceptions « cultes », comme la Fuego de 1981 ou l’Espace de 1984, co-conçue avec Matra.
Si Renault a quasiment épuisé tous les chiffres, de la R3 à la Renault 30, le changement a été très marqué avec l’apparition de la CLIO en 1990. En faisant disparaître les chiffres, la marque française créait une nouvelle génération de noms “sonores“ au détriment d’une certaine cohérence. Car si ESPACE avait le mérite de bien porter son nom, CLIO demandait quelques précisions. Muse de l’histoire selon la mythologie grecque, elle est surtout devenue une muse pour la marque, en étant aujourd’hui la voiture française la plus vendue en France et dans le monde !
En tout cas, son succès immédiat a inspiré la marque et tous les noms, de LAGUNA à MEGANE, en passant par TWINGO, VEL SATIS et KANGOO, ou plus récemment KADJAR ou KOLEOS, continuent d’intriguer. Parmi les derniers nés, l’électrique ZOE qui reprend les symboles Z et E du Zéro Émission, tout simplement.
Des noms de voiture qui parlent d’eux-mêmes
Certaines marques optent pour des noms résolument illustratifs. Nissan a ainsi choisi d’appeler sa voiture au design cubique …CUBE, un choix bien plus évident que parallélépipède rectangle. Même combat chez FIAT, où le Multipla semble revendiquer purement et simplement son nombre de places multiple ! En anglais dans le texte, la smart Fortwo offre bien deux places, et la Ford Galaxy affiche ses ambitions d’offrir, à l’instar de l’Espace d’une Renault, une habitabilité galactique. Très évocateur, le SUV Porsche Cayenne promet quant à lui un véhicule qui ne manque pas de piquant, s’inspirant davantage du piment que du bagne !
Ça va mieux en le disant
Tout aussi parlantes une fois décodées, certaines appellations sont désarmantes de naïveté. Ferrari fête ses 40 ans ? Voilà la Ferrari F40. Pour en revenir à Renault, la marque a déposé en 1991 un brevet pour un Safety Concept Embodied in a New Innovative Car. Il qui prendra le nom de son acronyme : SCENIC. Autre acronyme célèbre et insoupçonnable pour les non-initiés, le High-Utility Maximum Mobility Easy Rider. Vous avez deviné ? HUMMER, le monstrueux 4X4 venu de l’armée américaine, et fâché avec l’écologie.
Les symboles de puissance animale
Depuis sa création, Lamborghini baptise ses bolides en référence à des taureaux ou au monde de la corrida. La raison est simple : le signe astrologique de son fondateur !
Deux contre-exemples pourtant. D’abord, la fameuse Lamborghini Countach (anglicisation d’une expression d’argot piémontais qui exprime l’étonnement). Ensuite, la Lamborghini Huracan, qui laisse entendre autant un moteur déchaîné qu’un véritable ouragan (en anglais hurricane). Chez Ford, on n’hésite pas à revendiquer la rapidité des félins à travers la Ford Puma et la Kuga, qui se rapproche du couguar.
Un tigre dans le moteur ?
La symbolique animale permettrait donc de véhiculer une certaine puissance. On la retrouve aisément dans la Porsche Cayman, l’Opel Tigra et la Ford Mustang. C’est nettement moins évident quand il s’agit de la Fiat Panda, la Coccinelle ou la Citroën Némo. Enfin, lorsque la voiture cherche son inspiration du côté de la nature, on ne retrouve pas systématiquement le lien avec l’animal choisi. Jetez juste un œil à l’Aston Martin Bulldog et il vous faudra beaucoup d’imagination pour y voir le chien.
Un peu de poésie au milieu les bruits de moteur
Entre l’homme et la voiture, c’est une histoire qui dure. Voici quelques exemples de déclaration passionnée. Lorsque Citroën sort la DS dans les années 50, la marque cherche surtout à mettre en avant le moteur D qui équipait sa célèbre Traction Avant. Le S qui lui fut accolé permit à la marque de qualifier la voiture de “déesse“. Plus romantique encore, l’Alfa Roméo Giulietta recrée le couple maudit de l’œuvre de Shakespeare. Elle associe les prénoms Roméo et Juliette (Giulietta en italien).
Dans la brume anglaise
Moins langoureux mais tout aussi poétique, les Rolls-Royce Ghost, Rolls-Royce Phantom et Rolls-Royce Wraith qui laissent à penser que la marque puise dans le registre de l’épouvante (wraith voulant dire spectre). Et pourtant… si ces modèles évoquent les esprits, c’est tout simplement pour souligner la discrétion surnaturelle de leurs moteurs.
Les plus « tendancieux » que tendances
Les intentions sont évidemment innocentes, mais le ressenti n’est pas toujours celui attendu par les constructeurs. Esprit mal tourné ou non, difficile de ne pas sourire lorsqu’on évoque la Citroën SM ou la Ford Cougar. De la même manière, certains véhicules souffrent beaucoup de leur mauvaise prononciation ou signification française. En tête la Mazda Laputa, la Toyota MR2 et l’inénarrable Audi E-TRON, dont l’aspect électrique passe facilement au second plan. Sans rentrer dans les détails, nous vous conseillons de faire quelques recherches avant de vous décider pour un véhicule. Evitez la Mitsubishi Pajero si vous vivez en Espagne, ou la Buick LaCrosse si vous résidez au Québec. Enfin, la palme du mauvais goût revient sans conteste à la Chevrolet SS, qui a au moins la décence de ne pas être disponible sur le marché européen.
Vous avez pu le constater, baptiser un véhicule n’est pas chose facile. A ce jeu-là, les constructeurs peuvent se révéler aussi facétieux que tragiquement comiques. En attendant un article sur les surnoms de voitures, Chacun Sa Route vous souhaite bonne route au volant de votre « Titine » !